Architecte à l'honneur: de Alzua+
C’est en 2002 que le tandem Jérôme de Alzua et Vanessa Barrois a créé l’agence deAlzua+, qui dispose aujourd’hui de bureaux à Lille, Nantes et Paris. Les activités de l’agence se répartissent entre équipements publics et fonctionnels, logements collectifs et projets mixtes. Celle-ci se distingue par des projets particuliers, tels que le parking silo (Tourcoing) potentiellement transformable en immeuble de bureaux ou les Archives départementales du Nord, premier bâtiment d’archives à énergie positive en France. L’agence comprend un pôle “urbanisme” et un pôle “direction de chantier”, intégrant des chefs de projet rompus aux enjeux complexes ou de grande envergure.
« Nous pensons le travail de l’architecture comme une pratique particulièrement passionnante par les nombreux enjeux sociétaux que nous manipulons, et par le rôle majeur que nous avons sur la construction d’une ville, que ce soit en tant qu’urbaniste ou en tant qu’architecte », explique Jérôme de Alzua.
SWAM, un projet complexe superposant les fonctions
SWAM (qui tire son nom de l’ancienne caserne militaire Joseph Souham toute proche) est le chaînon manquant entre le vieux Lille et le nouveau quartier Euralille, en bordure du parc Matisse, face à la gare de Lille-Europe. Il se situe sur le site d’un ancien bastion espagnol du XVIIe siècle, devenu un véritable no man’s land au centre-ville. Le nouvel ensemble, occupant une superficie totale de 12 000 m², redessine les remparts de la vieille ville, notamment grâce à une promenade haute urbaine en briques qui attire inévitablement le regard. Le programme mixte conçu par l’agence de Alzua+ se structure sur 9 niveaux, dont… 3 niveaux de rez-de-chaussée à des hauteurs très différentes ! On y trouve un hôtel de 112 chambres à la façade en aluminium anodisé bronze, un restaurant panoramique, des commerces et des bureaux. L’accent a été mis sur les circulations piétonnes, renforçant chez les visiteurs ce sentiment d’espace et d’accueil voulu par les concepteurs et le maître d’ouvrage.
Pour Jérôme de Alzua, le projet est complexe, c’est même du jamais vu à Lille : « Lors du dessin du projet, la principale contrainte était la complexité de la superposition de fonctions. Il a donc fallu superposer la strate historique – c’est-à-dire respecter la forme des fortifications – le parking, la fonction logistique, et les fonctions de commerce, de bureau, d’hôtel et de restaurant. »
Le choix de la brique
Jérôme de Alzua : « Il est très important pour l’architecte de travailler de manière contemporaine avec des matériaux traditionnels comme la brique. La brique est un matériau basique, mais qui peut être travaillé en moucharabieh, en filtre, en double peau, en épaisseur, en saillie, avec des teintes mates ou brillantes. Cela peut donner des jeux de matières tout à fait incroyables, parfois même plus contemporaines que des matériaux utilisés actuellement. »
Salomé Keller, architecte chargée du projet : « Lors des études d’exécution, l’entreprise de maçonnerie souhaitait disposer de briques de grande taille afin d’avoir davantage de surfaces d’adhérence pour la mise en œuvre du moucharabieh incliné du rempart. Pour répondre à notre demande, Nelissen a développé la brique salto aux dimensions 7 x 24 cm, un format qui n’existait pas à l’époque. Travailler avec de grandes briques a réduit le temps de mise en œuvre de l’entreprise de maçonnerie et le rendu final est vraiment magnifique. »